Cohérence cardiaque & neurothérapie

Définition


Développée aux États-Unis dans les années 1995, la cohérence cardiaque (ou résonance cardiaque, coherent breathing ou heart coherence en anglais) se caractérise par un phénomène de balancier physiologique résultant de la synchronisation de l’activité des systèmes nerveux sympathique et parasympathique.

La variabilité de la fréquence cardiaque (VFC)


La fluctuation permanente de la fréquence cardiaque est aujourd’hui reconnue.

La variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) s’avère être un indicateur fiable de la capacité du cœur à ajuster son rythme en réponse aux sollicitations internes ou externes. 

Régulée par le système nerveux autonome (SNA), cette VFC est gouvernée par deux composantes antagonistes, à savoir :

– le système nerveux orthosympathique (communément appelé «sympathique») pour son action accélératrice, et

– le système nerveux parasympathique, agissant comme un frein. 

La synchronisation des systèmes sympathique et parasympathique engendre le phénomène de «balancier physiologique» nommé cohérence cardiaque.

À cette régulation s’ajoute une dépendance envers un circuit complexe composé de multiples régions cérébrales, corticales et limbiques

En influençant délibérément le fonctionnement du cerveau, notamment par la modification du rythme cardiaque via la respiration, qui demeure sous contrôle volontaire, on pourrait potentiellement altérer notre état émotionnel.

cohérence cardiaque

VFC et oxygène

La VFC est étroitement liée à divers aspects physiologiques, et l’oxygène joue un rôle central dans cette régulation.

L’oxygène est essentiel à la production d’énergie dans les cellules, y compris celles du cœur. 

En cas d’hypoxie (une diminution de l’apport en oxygène), le corps active des mécanismes de réponse pour maintenir l’homéostasie. Ces réponses, médiées par le SNA, peuvent se refléter dans des changements de la VFC. 

Par exemple, des situations d’hypoxie aiguë peuvent déclencher une augmentation de l’activité sympathique pour compenser le manque d’oxygène, entraînant des fluctuations dans la VFC.

Cette VFC, qui reflète la capacité du système nerveux autonome (SNA) à ajuster la fréquence cardiaque en fonction des besoins du corps, est par conséquent influencée de manière significative par le processus respiratoire et la disponibilité en oxygène.

Oxygénation et équilibre 


L’équilibre entre le système nerveux sympathique et parasympathique, les deux branches du SNA, est crucial dans la régulation de la fréquence cardiaque. L’oxygénation adéquate est donc nécessaire pour maintenir cet équilibre. Un niveau approprié d’oxygène favorise le fonctionnement optimal de ces systèmes, contribuant ainsi à une VFC équilibrée. 

Des études cliniques ont également exploré les effets bénéfiques de la supplémentation en oxygène sur la VFC, soulignant le lien entre l’oxygène, la respiration et la modulation autonome du rythme cardiaque.

Une oxygénation adéquate et des pratiques respiratoires appropriées sont des facteurs clés pour maintenir une VFC équilibrée.

Cette dernière est ainsi associée à des bienfaits potentiels pour la santé cardiovasculaire et le bien-être général.

Le rôle de la respiration


La respiration joue un rôle direct dans la modulation de la VFC

Par exemple, des techniques de respiration contrôlée, telles que celles utilisées dans la cohérence cardiaque, visent à favoriser une respiration lente et profonde. Ce type de respiration améliore l’oxygénation du corps, impactant ainsi positivement la VFC. 

Des études ont montré que des méthodes de respiration spécifiques peuvent contribuer à une augmentation de la VFC, indiquant une réaction bénéfique du système nerveux autonome.

Respiration, tonus et proprioception

Proprioception

La proprioception est la capacité du corps à percevoir et à comprendre sa position, ses mouvements, ainsi que les contractions et étirements de ses muscles et articulations.

Elle permet au cerveau de recevoir des informations constantes sur la position des muscles impliqués dans la respiration, tels que le diaphragme (le muscle principal de la respiration) et les muscles intercostaux. Ces informations aident le cerveau à ajuster et à coordonner les mouvements respiratoires de manière précise.

Un exemple concret de l’importance de la proprioception dans la respiration se manifeste lorsqu’on porte attention à la sensation du mouvement du diaphragme pendant l’inspiration et l’expiration.
 

Selon Stanislas Dehaene, psychologue cognitiviste et neuroscientifique français, la proprioception joue un rôle essentiel dans la conscience de soi.
En particulier dans le contexte de la respiration. 

En somme, lorsqu’on comprend comment notre cerveau utilise les informations provenant de la proprioception pendant la respiration, on appréhende mieux la manière dont notre corps contribue à notre perception globale de l’existence.

Consciences respiratoire et musculaire

Au-delà de son rôle essentiel dans l’apport en oxygène et l’élimination du dioxyde de carbone, la respiration joue aussi un rôle significatif dans la régulation du tonus musculaire. Le tonus musculaire est cette contraction de base, habituelle, des muscles striés, lorsque le corps est au repos.

La manière dont nous respirons peut influencer directement le niveau de tension dans nos muscles.

La focalisation sur les sensations musculaires et articulaires associées à la respiration permet une connexion plus étroite entre le corps et l’esprit.

Respirer en conscience implique de comprendre les mécanismes neuro-psycho-physiologiques sous-jacents en intégrant des pratiques spécifiques pour optimiser cette fonction vitale. Comme le fait de prendre conscience que l’engagement volontaire du diaphragme favorise une expansion maximale des poumons.
Lorsque vous respirez consciemment et que vous ressentez l’expansion du diaphragme vers le bas pendant l’inhalation et sa contraction vers le haut pendant l’expiration, vous mobilisez la proprioception.

En résumé, la conscience corporelle fine de ce qu’il se passe pendant que vous respirez facilite la coordination des muscles respiratoires et permet d’ajuster la profondeur et la fréquence de la respiration en fonction des besoins du corps.

Se détendre pour respirer


Toutes les techniques de relaxation, quels que soient leurs objectifs, agissent en premier lieu sur le tonus musculaire et visent à sa régulation.

Notre façon d’être repose en permanence sur un fond tonique qui concourt à constituer notre profil, notre type personnel.

Au niveau physiologique, la respiration traduit aussi les fluctuations des situations et des relations dans lesquelles on se trouve engagé.

Des études scientifiques ont démontré que la pratique régulière de techniques de respiration contrôlée peut avoir des effets positifs sur le bien-être général. En réduisant le tonus musculaire et en favorisant la détente, ces pratiques peuvent contribuer à atténuer le stress et à améliorer la qualité du sommeil.

En réduisant le stress et en optimisant la détente, une respiration contrôlée à travers la cohérence cardiaque peut favoriser un état mental propice à l’assimilation des informations. Des recherches suggèrent que des techniques de respiration spécifiques peuvent améliorer la concentration, la mémoire et les performances cognitives.

En intégrant consciemment la respiration et la cohérence cardiaque dans notre quotidien, nous avons la possibilité d’optimiser notre santé physique et mentale de manière holistique.

Apprendre à respirer

Apprentissage = volonté + observation + essais

L’apprentissage de la cohérence cardiaque implique un effort cognitif. C’est un processus complexe au cœur duquel interagissent la conscience, la répétition et la mémoire. 

Lorsqu’un individu s’engage dans le processus d’acquisition de nouvelles connaissances, la conscience joue un rôle essentiel en permettant une compréhension des informations. 

Ce premier stade d’assimilation volontaire marque le point de départ du parcours cognitif.

cohérence cardiaque et cerveau

Mémoire = attention + répétition

L’apprentissage de compétences motrices repose sur la mémoire anoétique, un élément crucial dans l’automatisation des tâches telles que la marche, le vélo, la natation, etc. Une fois acquises, ces compétences ne nécessitent pas une remémoration consciente de chaque étape, car la mémoire anoétique prend en charge ces processus de manière automatique.

La régularité et la pratique régulière sont essentielles pour intégrer cette technique à votre mémoire automatique.

La répétition intervient alors en tant que stratégie pour renforcer cet apprentissage. La pratique répétée d’une activité respiratoire particulière permet de consolider des connexions neuronales. 

Cette étape vise à faciliter la transition des informations de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme, une phase où les connaissances peuvent être stockées de manière relativement permanente.

Technique de respiration 

Voici une technique de respiration que vous pouvez reproduire chez vous, à tout moment de la journée ou du soir jusqu’à ce qu’elle devienne anoétique.

  • Position : Trouvez une position confortable, assise ou allongée. Placez une main sur votre poitrine et l’autre sur votre abdomen, juste au-dessous des côtes.
  • Concentration : Portez votre attention sur votre respiration. Au début, cela peut nécessiter une certaine concentration, mais avec la pratique, cela deviendra plus naturel.
  • Inhalation : Inspirez lentement par le nez, en vous assurant que l’air se dirige vers votre diaphragme (ventre). Vous devriez sentir votre abdomen se gonfler sous votre main, tandis que votre poitrine reste relativement stable.
  • Exhalation : Expirez doucement par la bouche, en contractant légèrement les muscles abdominaux pour expulser l’air. Vous devriez ressentir votre abdomen se dégonfler.
  • Répétition : Répétez ce processus, en vous concentrant sur l’expansion et la contraction de votre abdomen.


Neurothérapie et rythmes respiratoires adaptés

S’adapter à chaque rythme pour mieux progresser

La justification courante derrière l’adoption de rythmes de respiration fixes, tels que 5/5 ou 6/6, dans de nombreuses approches de relaxation et de gestion du stress réside principalement dans leur simplicité et leur facilité d’application. 

Ces schémas rythmiques sont fréquemment sélectionnés en raison de leur mémorisation aisée et de leur praticité, ne requérant aucun équipement spécifique. 

Ils peuvent servir de point de départ efficace pour ceux qui cherchent à se détendre. Ils ont aussi l’avantage de convenir à un grand nombre d’individus.

Or, en neurothérapie, nous disposons justement d’outils de mesure à la pointe de la technologie.

Ces outils nous permettent d’entraîner nos clients au plus près de leurs capacités respiratoires naturelles. Cela signifie qu’ils ne sont pas épuisés durant l’entraînement. Ils ne sont pas non plus en apnée ou en hypopnée pendant qu’ils se concentrent.

mesures anatomiques

Ainsi, il n’y a pas de nécessité de respect du comptage des secondes d’inspirations et d’expirations. L’adaptation réside dans le fait d’être flexible par rapport à la situation. Par exemple, une même personne peut arriver en séance agitée ou calme. En fonction de son état interne, les exercices de respiration diffèrent

Mesurer pour mieux conscientiser

Les mesures de base de la respiration effectuées par le neurothérapeute via un capteur de biofeedback appelé la “ceinture thoracique” lui permettent de prendre conscience du point de départ de l’entraînement.

A partir de ce seuil brut, il va ajuster l’entraînement. Il commence par fixer un objectif adapté à son client et ensuite il l’aide à se détendre. Pour ce faire, il trouve des moyens pour relâcher ses tensions musculaires. Plus le client se détend, plus le seuil augmente, de façon à progresser à son rythme.

Lorsque le client observe en direct sa progression, cela le motive à continuer. Pour continuer à se détendre, il se concentre sur ses ressentis physiques et son relâchement mental.

Ainsi, il apprend consciemment à faire le lien entre sa respiration (ventrale), son tonus (relâché) et sa cognition (pour chasser les pensées parasites et se concentrer sur l’ordinateur).

Enfin, la répétition des séances de neurothérapie permet la consolidation dans la mémoire à long terme des apprentissages. Et ce, jusqu’à ce que ces schémas moteurs s’automatisent et s’ancrent dans la mémoire anoétique. 

Ainsi, en situation de stress chronique, la personne saura mettre en place des pratiques de cohérence cardiaque adaptées à sa physiologie et à ses états émotionnels. Tout ceci dans le but d’être capable de revenir au calme, de respirer et de se concentrer.

Extrait

 

Stanislas Dehaene a écrit, en 2014, dans Le Code de la conscience, éd. Odile Jacob :


ressentis neuro-psycho-physiologiques

“ La science moderne de la conscience distingue au moins trois concepts : le degré de vigilance, qui varie quasi continûment depuis la veille jusqu’au sommeil ou au coma profond ; l’attention, c’est à dire la focalisation de nos ressources mentales sur un objet particulier ; et, l’accès à la conscience, c’est à dire le fait que seule une partie de nos pensées entre dans le champ de notre conscience, devient disponible pour diverses opérations cognitives et peut être rapportée à d’autres.

Trois ingrédients suffisent à amener la conscience à portée de la science : la concentration des recherches sur l’ accès à la conscience ; la panoplie d’ illusions qui permettent de manipuler la conscience à volonté ; et le fait de traiter les phénomènes subjectifs comme d’authentiques données scientifiques.

[Une] forme récursive d’une conscience qui s’examine elle-même ? [.] La métacognition [qui est] la capacité de réfléchir à ses propres états mentaux.

Les récits subjectifs sont précisément les phénomènes que les neurosciences cognitives de la conscience se proposent d’étudier. A ce titre, ils constituent des données primaires qu’il convient de mesurer et d’enregistrer, aux côtés des autres données psychophysiologiques.

L’attention sert de porte d’entrée à l’expérience consciente. [.] L’attention inconsciente doit toujours rester sur le qui-vive. [.] A notre insu, notre attention inconsciente évalue sans relâche les opportunités qui se présentent à l’aune de nos buts et de nos systèmes de valeurs. “

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