Mieux comprendre les indicateurs de santé 

L’épidémiologie


Définition 

L’épidémiologie vise à comprendre comment et pourquoi certaines maladies se développent et se propagent au sein des populations. 

Elle a pour but global de comprendre les problèmes de santé au sein des populations ainsi que les facteurs qui les influencent. 

Objectifs

L’un de ses objectifs est d’examiner l’impact des comportements, des conditions de vie et de l’environnement sur la santé.
Elle a pour but de quantifier la prévalence des maladies et d’identifier les facteurs de risque. 

Elle permet également de schématiser la propagation de maladies au sein des populations.
Enfin, cette science permet d’orienter les politiques de santé publique et les stratégies de prévention.

Études épidémiologiques

Les études épidémiologiques visent à analyser les éléments qui modifient la fréquence ou la répartition des maladies et d’autres phénomènes de santé au sein des populations exposées à ces éléments. 

Elles sont essentielles pour élargir notre compréhension des maladies. Mais aussi pour améliorer les prestations de santé et favoriser le bien-être à travers le monde. 

Elles constituent un fondement incontournable de la recherche scientifique moderne, avec des implications directes et tangibles dans notre vie quotidienne.

Liens entre TDA/H et apnées du sommeil

Le TDA/H

imagination, impulsion, activité neuronale

Le TDA/H (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) est un trouble neurodéveloppemental qui se caractérise par des difficultés à :

  • maintenir son attention
  • contrôler ses impulsions 
  • réguler son activité motrice

Les personnes atteintes de TDA/H peuvent avoir du mal à se concentrer, à s’organiser et à terminer leurs tâches

Ces difficultés ont un impact sur leur vie quotidienne, leur travail et leurs relations sociales.

L’AOS

Le syndrome de l’AOS, (apnées obstructives du sommeil), se caractérise par des interruptions temporaires de la respiration pendant le sommeil. Ces interruptions sont généralement dues à un blocage partiel ou complet des voies respiratoires supérieures. 

La perturbation du sommeil causée par l’AOS et la diminution de l’oxygénation du cerveau influencent les fonctions cognitives et comportementales. Elles peuvent entraîner une somnolence diurne excessive, des troubles de l’humeur et des problèmes de concentration.

En plus de perturber le sommeil,  l’AOS risque fortement de développer ou d’aggraver d’autres problèmes de santé. Parmi eux on peut noter l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 ou encore les accidents vasculaires cérébraux.

souffle vital
Le neurodéveloppement


De récentes études ont fait le lien entre l’AOS et des symptômes similaires à ceux observés chez les personnes atteintes de TDAH. Parmi eux on note l’hyperactivité, l’impulsivité et les problèmes d’attention.

On peut alors se poser la question de savoir quels liens entretiennent le TDA/H et l’AOS ? Et aussi, comment l’AOS parentale influence-t-elle le risque de TDA/H chez les enfants ?

Pour répondre à la première question, nous vous proposons dans cet article le résultat d’une étude épidémiologique réalisée en 2022. Elle est assez significative.

Etude épidémiologique sur le lien TDA/H – AOS (2022)


Une étude taïwanaise de 2022 réalisée par Iwen Chen, Jing-Yang Huang, Renin Chang, Yao-Min Hung et James Cheng-Chung Wei suggère que l’AOS, associée à la somnolence diurne et à l’hypoxie nocturne, pourrait entraîner une inflammation systémique et des dommages oxydatifs.

Explications 

Base de données

Pour mener leur étude, les chercheurs ont utilisé une base de données nationale de recherche sur l’assurance maladie de Taiwan. Cette dernière compile des informations sur les soins de santé des citoyens.

Cette base de données contient des données sur les diagnostics, les traitements et les prescriptions médicales. Elle permet aux chercheurs de suivre les parcours de santé des individus au fil du temps.

Sélection

Entre 2006 et 2015, toutes les naissances vivantes uniques (c’est-à-dire les naissances de bébés vivants qui ne comptent pas de jumeaux, triplés, multi-naissances d’un même accouchement) ont été analysées.
Les chercheurs ont comptabilisé 1 723 873 naissances vivantes uniques.

Etude cas-témoins imbriquée

Les enfants atteints de TDAH ont été comparés à des témoins non atteints de TDAH. Ces derniers correspondent au cas de TDAH à la date d’indexation, c’est-à-dire la date à laquelle les chercheurs ont identifié les cas de TDAH dans la base de données et ont sélectionné les témoins correspondants pour leur étude.

Il s’agit d’une méthode appelée “étude cas-témoins imbriquée”. Les enfants atteints de TDAH sont comparés à des témoins non atteints de TDAH, mais similaires sur certains critères.

Cette méthode permet d’identifier les facteurs de risque potentiel associés à ce trouble.


Régression logistique conditionnelle

Pour analyser les données, les chercheurs ont utilisé une méthode statistique appelée la régression logistique conditionnelle. Elle calcule le rapport de cotes ajusté (aOR). 

Rapport de cotes ajusté (aOR)

L’aOR permet d’analyser l’association entre les maladies parentales et le risque de TDAH chez leurs enfants.

En ajustant pour d’autres variables potentiellement influentes, comme l’âge ou le sexe, cette analyse vise à obtenir des résultats plus précis et fiables.
Il s’agit donc d’une mesure statistique qui exprime le rapport de la probabilité d’exposition à un facteur de risque entre les cas et les témoins, après ajustement, pour d’autres variables potentiellement influentes. 

Résultats de l’étude

Statistique


Les résultats montrent que l’AOS paternelle est associée à un rapport de cotes ajusté (aOR) de 1,758 (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 1,458-2,119) pour le TDAH chez les enfants.

L’AOS maternelle est associée à un aOR de 2,159 (IC à 95 % : 1,442-3,233). 

Cela indique que l’AOS maternelle a un impact plus important sur le risque de TDAH chez les enfants par rapport à l’AOS paternelle.

Explications

Ces résultats démontrent que les enfants dont le père souffre d’apnée obstructive du sommeil ont 1,758 fois plus de chances de développer un TDAH, comparativement aux enfants sans AOS paternelle. 

oxygène parent enfant TDAH

De même, les enfants dont la mère est atteinte d’AOS ont 2,159 fois plus de risques de développer un TDAH.

Concrètement, cela signifie que l’AOS maternelle semble avoir un impact plus important sur le risque de TDAH chez les enfants que l’AOS paternelle. 

Autrement dit, les enfants dont la mère souffre d’AOS sont plus susceptibles de développer un TDAH que ceux dont le père est atteint de cette condition. 

Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte le statut de santé des deux parents lorsqu’on évalue le risque de TDAH chez les enfants. Et cela répond également à notre deuxième question posée plus haut concernant le risque de TDAH chez les enfants.

Une approche systémique du TDAH

L’impact du tonus musculaire et de la respiration sur le TDAH

Le tonus musculaire, qui est la régulation de la tension dans les muscles, occupe une place importante dans la modulation du système nerveux central. 

De très nombreuses études récentes soulignent l’impact du tonus musculaire et de la respiration sur la prévalence du TDAH. Surtout lorsqu’il est associé à l’apnée obstructive du sommeil (AOS). 

Par exemple, l’étude menée par Susan C. Bannister et ses collègues en 2019 a montré que les enfants atteints de TDAH avaient tendance à présenter des anomalies liées au tonus musculaire. Ces anomalies influencent leur motricité et leur comportement. Elles résultent de dysfonctionnements dans le système nerveux central, affectant la régulation sensorimotrice et contribuant aux symptômes du TDAH.

La respiration et le développement du TDAH

Une respiration altérée, notamment en cas d’apnée obstructive du sommeil, entraîne une oxygénation insuffisante du cerveau, comme nous l’avons vu ci-dessus. Cela affecte les processus cognitifs et émotionnels. 

Les enfants exposés à l’AOS maternelle présentent un risque accru de développer un TDAH. On note l’importance de la respiration dans la genèse de ce trouble.

Une recherche publiée dans le journal Pediatrics en 2012, a tout, comme cette étude de 2022 présentée ci-dessus, révèle une association significative entre l’AOS et le TDAH chez les enfants. Cette association pourrait s’expliquer par le fait que l’AOS entraîne des épisodes récurrents d’interruption de la respiration pendant le sommeil. Cela conduit à une altération de l’oxygénation cérébrale. Mais également à des perturbations dans les processus neurocognitifs entraînant le développement du TDAH.

Le cercle vicieux posture-tonus-respiration-TDAH

La posture influence directement le tonus musculaire et la respiration. Une posture altérée entraîne des déséquilibres musculaires et une respiration restreinte. Ces déséquilibres  augmentent le risque de TDAH et parallèlement, le TDAH peut influencer la posture et la respiration, créant un cercle vicieux.

posture tonus respiration TDAH



Par exemple, les enfants atteints de TDAH peuvent présenter des comportements impulsifs et hyperactifs qui influencent leur posture et leur respiration. A ce moment-là, chaque élément se renforce mutuellement et cela crée un cercle vicieux.

L’importance de la gestion posturale et respiratoire

Une éducation posturale et respiratoire contribue à rompre ce cercle vicieux. En favorisant une posture optimale et une respiration adéquate, on peut redynamiser le tonus musculaire, améliorer l’oxygénation cérébrale et réduire les symptômes du TDAH.

Le rôle du sommeil dans la cognition et les émotions

déformation maxillo-faciale

Le sommeil joue un rôle essentiel dans la régulation émotionnelle et cognitive. Les troubles respiratoires du sommeil, tels que l’AOS, perturbent le sommeil. Ils entraînent une altération de la cognition pourtant dépendante du sommeil et une dysrégulation émotionnelle. Ces éléments jouent pour beaucoup sur les symptômes du TDAH.

L’approche holistique de la neurothérapie

La neurothérapie, notamment le biofeedback et le neurofeedback, offre des outils de mesure et d’entraînement par «Feedback» pour améliorer : 

  • La gestion posturale (La posturométrie)
  • Le tonus (grâce à l’EMG de surface en biofeedback)
  • la respiration (via la ceinture thoracique)
  • le sommeil (notamment par le renforcement des ondes sensori-motrices par neurofeedback)
  • La cognition (à travers l’entraînement cérébral en neurofeedback quantitatif)
  • Les émotions (via le Biofeedback d’activité électrodermale ).
posture tonus respiration sommeil cognition stress

En comprenant et en intervenant sur ces différents éléments, il est possible d’améliorer la qualité de vie globale de toutes les personnes touchées par ces désagréments qui souhaitent trouver des solutions ayant des répercussions à la fois sur le corps et le cerveau.

Il est donc aisé de comprendre qu’une approche holistique du TDAH, prenant en compte non seulement les aspects cognitifs et émotionnels, mais aussi les aspects physiologiques comme le tonus musculaire et la respiration, est essentielle. 

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