Lorsqu’on souffre de TDA/H (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité), il n’est pas rare de se remettre en question, d’être anxieux ou de déprimer. Est-ce le TDA/H lui-même qui crée ces doutes, ces peurs et ce manque de confiance en soi ? Est-ce une tendance générale à la dépression qui nous pousse à être déprimés, hyperactifs ou hyper vigilants ?

Les interrelations entre le TDA/H, l’anxiété et la dépression révèlent une complexité qui va au-delà de la coexistence de diagnostics multiples chez un individu.

Vers une nouvelle compréhension du trio TDA/H, anxiété et dépression

Ces trois troubles partagent des symptômes qui peuvent se chevaucher, rendant le diagnostic et le traitement plus complexes.
Dans ces conditions, comment mettre la main sur le bon diagnostic et comment connaître la source de nos maux ?

Quels sont les liens ?

C’est ce que nous chercherons à comprendre dans cet article

Les liens entre TDA/H et les autres troubles

Quand on sait que 80% des personnes TDA/H rencontrent d’autres troubles tels que l’anxiété ou la dépression (selon des études cliniques), on peut se poser la question de savoir lesquels prévalent. 

La coexistence de ces troubles complique non seulement le diagnostic des spécialistes mais affecte également la vie quotidienne des personnes concernées de manière significative.

Observations

En observant de près les symptômes du TDA/H et leur relation avec d’autres troubles, on se rend compte qu’ils peuvent vraiment être liés les uns aux autres. 

TDA/H et anxiété

Quand on est TDA/H, l’anxiété est souvent un compagnon constant. 
Comme le dit le Dr. Smith dans son étude de 2020 :

«L’anxiété peut aggraver les problèmes d’attention, car quand on est TDA/H, on est souvent inquiet des conséquences de ses actes.» 

Cela signifie que cette inquiétude constante peut rendre encore plus difficile le fait de se concentrer. Elle amplifie ainsi les symptômes du TDA/H.

TDA/H et dépression

De même, la dépression peut aussi avoir un gros impact sur les personnes TDA/H.

Comme l’explique le professeur Johnson dans son livre édité en 2018 :

«Quand on est TDA/H, on est plus enclin à devenir déprimé à cause des difficultés constantes rencontrées dans la vie quotidienne, comme les problèmes relationnels ou au travail.»

Cette dépression peut, à son tour, rendre les symptômes du TDA/H encore plus forts. Cela crée une sorte de cercle vicieux difficile à briser.


Anxiété, dépression et TDA/H

Enfin, les difficultés d’attention propres au TDA/H peuvent aussi influencer le niveau d’anxiété et de dépression.

Par exemple, quand on est TDA/H, on peut se sentir constamment submergé par ses responsabilités et ses émotions. Cela peut causer de l’anxiété. Les difficultés à accomplir des tâches quotidiennes simples peuvent mener à des sentiments de frustration et de désespoir. Ces derniers contribuent à la dépression.

En résumé, les symptômes du TDA/H, de l’anxiété et de la dépression sont souvent tous un peu mélangés. Cela rend la situation assez compliquée. 

Pour bien s’en sortir, il est nécessaire d’avoir une approche globale qui prenne en compte tous ces éléments. Bien comprendre ces liens permet d’assurer une prise en charge adaptée. Cette dernière permet d’aider au mieux les personnes concernées dans leur quotidien.

Repenser le modèle du TDA/H

A travers ces exemples il est facile de constater que le modèle traditionnel actuel de diagnostic et de prise en charge du TDA/H est à repenser.

Il nécessite une réévaluation pour 2 raisons majeures :

  • Une meilleure prise en compte de la théorie du dysfonctionnement exécutif et de la dysrégulation émotionnelle : c’est un axe majeur dans le domaine de la recherche. Quand on parle de dysfonctionnement exécutif et de dysrégulation émotionnelle, on aborde 2 concepts clés. Le premier se concentre sur les déficits cognitifs liés au contrôle des fonctions exécutives comme la planification ou l’organisation. En revanche, le deuxième met l’accent sur les difficultés à réguler ses émotions. Cela se traduit par des sautes d’humeur fréquentes ou une irritabilité accrue. Cette théorie nous aide à comprendre les déficits cognitifs et les symptômes comportementaux associés au TDA/H. 
  • Une meilleure compréhension des évolutions constantes du TDA/H. Cela implique de se servir concrètement des dernières découvertes en neurosciences et en psychologie.

La révolution Kuhnienne

La mention de la «révolution Kuhnienne» dans le contexte des troubles comme le TDAH, l’anxiété, et la dépression, et leur interrelation, renvoie à l’idée de Thomas Kuhn sur les changements de paradigmes dans la science. 

Selon Kuhn, la science progresse par des révolutions, où un ancien cadre théorique (paradigme) est remplacé par un nouveau, en réponse à l’accumulation d’anomalies que l’ancien modèle ne peut plus expliquer.

Thomas Kuhn a révolutionné la manière dont on perçoit l’évolution des sciences en distinguant deux phases majeures : la science normale et la science extraordinaire

La science normale opère sous un paradigme établi, où les scientifiques s’attachent principalement à confirmer ce paradigme en résolvant des énigmes dans son cadre. 

Cette phase représente la majorité de l’histoire scientifique et vise à la prédictibilité et à la consolidation du paradigme existant. 

science normale, paradigme

Cependant, lorsque des anomalies surgissent, c’est-à-dire des problèmes que le paradigme actuel ne peut résoudre, cela peut conduire à une crise scientifique et à l’émergence d’un nouveau paradigme, marquant le début de la science extraordinaire. 

Cette phase se caractérise par l’acceptation de nouvelles idées qui étaient auparavant rejetées ou ignorées, souvent grâce à l’influence des jeunes scientifiques et au déclin de l’autorité des anciens paradigmes. Les transitions entre paradigmes peuvent inclure des éléments non rationnels et sont marquées par des débats et des tensions, mais elles sont finalement considérées comme un progrès par les partisans du nouveau paradigme.

Appliqué au TDA/H et aux troubles associés, cela suggère que nous pourrions être à l’aube d’un changement significatif dans notre compréhension et notre approche de ces troubles.

L’Importance de la recherche et des critères diagnostiques révisés

La prise en compte actuelle des éléments tels que le dysfonctionnement exécutif et la dysrégulation émotionnelle ne parvient pas toujours à expliquer entièrement la variabilité des symptômes au sein de la population touchée. 

Les résultats controversés dans l’étude des marqueurs biologiques et de performance du TDA/H soulignent l’importance de réviser les critères diagnostiques. L’objectif étant de pouvoir mieux répondre aux besoins des individus. 

Une approche plus holistique et dynamique du TDA/H est donc nécessaire. Elle garantit une prise en charge adaptée et une thérapeutique optimale.

Étude de la dynamique du TDA/H à l’âge adulte

Une étude a examiné l’évolution du TDAH chez 323 adultes sur une période allant de 7 à 13 ans

TDA/H adulte

Les résultats ont montré que 68,8 % des adultes présentaient une trajectoire stable, maintenant les symptômes du TDA/H. A l’inverse, 25,5 % d’entre eux présentaient des variations des symptômes au fil du temps. 

Seulement 5,7 % ont montré une rémission du TDAH. Les facteurs tels que le sexe féminin, la sévérité des symptômes, la présence de comorbidités et la susceptibilité à la dépression étaient associés à une probabilité plus élevée de maintien des symptômes. 

La surveillance étroite de la variabilité et de la dynamique développementale du TDA/H, même à l’âge adulte, est indispensable. En effet, les résultats soulignent l’importance du suivi continu des patients adultes atteints de TDA/H. Cela se justifie par le fait que plus de 30 % d’entre eux présentent une symptomatologie instable.

Nouvelles perspectives : Les 5 piliers sur lesquels repose l’évolution des connaissances en neuropsychophysiologie

L’évolution des connaissances nous amène à proposer une hypothèse basée sur les interactions entre cinq piliers fondamentaux, à savoir le tonus, la ventilation, la cognition, le sommeil et les émotions
Ces piliers permettent de mieux comprendre la façon dont notre corps, notre système nerveux et notre cerveau interagissent. 

Le tonus

Le tonus musculaire, cet état de tension légère et  permanente du muscle vivant  est d’une extrême importance et forme en quelque sorte la « toile de fond » des activités motrices et posturales, préparant le mouvement, fixant l’attitude, sous-tendant le geste, maintenant la statique et l’équilibre. 


Outre la tension musculaire, le tonus englobe également la proprioception qui est la perception sensorielle de la position de notre corps et nos mouvements. Elle permet au cerveau de savoir où se trouvent les différentes parties du corps sans avoir besoin de regarder. 
Par exemple, lorsqu’on marche dans le noir, c’est la proprioception qui nous permet de maintenir l’équilibre et d’ajuster notre posture pour éviter de trébucher.

La régulation physiologique de ce tonus traduit l’intégrité du développement du système nerveux central (SNC) depuis le moment de la gestation et donc, de la vie intra-utérine.

La respiration

La respiration et le tonus ventilatoire sont des éléments clés. Autant pour la posture et l’équilibre que pour une synchronisation de la ventilation diaphragmatique et des voies aériennes supérieures.
Une déficience de ce tonus de ventilation, notamment durant le sommeil peut avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement du cerveau. 
Cela peut altérer les fonctions cognitives telles que la concentration, la mémoire et la prise de décision
De plus, une oxygénation insuffisante peut affecter le cerveau limbique, qui est impliqué dans la régulation des émotions et du stress. Cela peut contribuer à des difficultés émotionnelles telles que l’anxiété et la dépression, ainsi qu’à une augmentation du niveau de stress perçu.
Quand on est TDAH, du fait de cette déficience tonique on peut présenter des comportements respiratoires tels que l’hyperventilation ou la rétention de la respiration. Surtout lorsqu’on est confronté à des situations stressantes ou stimulantes.

En observant les schémas de la ventilation et leur relation avec l’état émotionnel et cognitif, il est possible de mieux comprendre la contribution relative du TDA/H par rapport à l’anxiété et à la dépression.
La pratique d’exercices basés sur le souffle permet de retrouver le calme. On favorise à travers eux, une meilleure régulation émotionnelle grâce à une ventilation adéquate.

Le sommeil

Le sommeil est vital pour la consolidation de la mémoire et la régénération de nos cellules cérébrales
Il s’agit d’un processus dynamique. Le cerveau et le corps subissent une série de phases distinctes, chacune ayant des fonctions spécifiques.
Lorsqu’on rêve pendant notre phase de sommeil paradoxal par exemple, notre cerveau est activement engagé dans le traitement des émotions et des expériences vécues. Il est alors extrêmement actif. Il traite activement les émotions et les souvenirs. Cela contribue à la consolidation de la mémoire et à la régulation émotionnelle.

Or, cette phase de sommeil paradoxal est également celle durant laquelle le tonus musculaire est aboli. C’est pourquoi, nous la nommons «paradoxale». Dès lors, tout déficit de cet état du tonus axial de base à l’état d’éveil, va retentir sur le débit ventilatoire et obliger le rêveur à sortir de son sommeil. Des micro-réveils sont alors indispensables à sa survie. il s’agit alors d’un Trouble Respiratoire du Sommeil (TRS).

La cognition

La cognition va au-delà de la simple pensée. Elle inclut la perception, l’attention, la mémoire, le langage et le raisonnement. Les processus cognitifs sont essentiels pour interpréter les informations sensorielles. Prendre des décisions, résoudre des problèmes et communiquer efficacement avec les autres relèvent tous de ces biais cognitifs.

Aussi, la mémoire permet de stocker et de récupérer des informations passées. L’attention nous permet de nous concentrer sur une tâche spécifique malgré les distractions environnantes. Lorsqu’on résout un problème de mathématiques, c’est notre cognition qui est à l’œuvre pour traiter les informations et trouver la solution.

La déficience tonique ventilatoire est à l’origine du trouble respiratoire du sommeil (TRS). Elle a un fort retentissement sur les fonctions exécutives, la concentration et le cerveau limbique. Plus particulièrement, nous savons que les informations supportant la mémoire procédurale et l’attention sont consolidées durant la phase de sommeil paradoxal.

Il n’est donc pas difficile de comprendre les liens entre les troubles cognitifs observés chez l’enfant ou l’adulte présentant un TDAH ou d’autres troubles mentaux et ceux unissant la Déficience Tonique Ventilatoire au Trouble Respiratoire du Sommeil.

Les émotions

Les émotions influencent notre perception du monde et nos réactions aux événements. L’état de stress chronique a des conséquences sur de nombreuses fonctions de l’organisme tels que le système immunitaire, la réserve cognitive, l’état inflammatoire, etc.

La présence d’angoisses archaïques normales chez le nourrisson sont liées très fortement à l’immaturité du système nerveux central et de l’organisme. Elles peuvent être pathologiques et extrêmement invalidantes en psychiatrie. il peut aussi en exister des traces, plus ou moins bien surmontées, dans le reste de la population générale.

Ces angoisses sont appelées archaïques car elles sont présentes dès avant l’installation du langage. Leur évolution courante est d’être surmontée au fil du développement. Surmontées et non pas totalement résolues ni oubliées.

C’est le postulat que nous formulons en parlant des traces mémorielles archaïques. Par exemple, celle de l’angoisse de mourir durant le sommeil. Ces angoisses étant revécues chaque nuit, particulièrement durant la phase de sommeil paradoxal, en cas de l’existence d’un trouble su Système Tonique Ventilatoire.

La persistance de cette angoisse archaïque est aisément vérifiable chez de nombreux enfants ; Ils l’expriment souvent dans leurs mots, comme celle de la peur du noir ou de s’étouffer. Ils réclament aussi très fréquemment de rejoindre leurs parents dans leur lit.

Ces angoisses nocturnes associées au déficit de développement d’une ventilation/respiration physiologique diurne constitue un état de stress chronique rencontré chez la majorité des entants et des adultes présentant un TDAH.

Conclusion : un appel à la réflexion et à l’action concenant le TDA/H

En résumé, la prise en compte de ces 5 piliers que sont le tonus, la ventilation, le sommeil la cognition, et les émotions, est incontournable pour approfondir notre compréhension de la neuropsychophysiologie. 

La neurothérapie considère que le corps et le cerveau sont les deux éléments que tout thérapeute devrait prendre en compte lors d’ un suivi clinique. Elle permet de répondre aux besoins systémiques de chaque individu. 

En intégrant ces 5 piliers dans notre approche thérapeutique, nous pouvons aborder de manière holistique les troubles neurologiques et psychiatriques. Les aspects physiologiques et émotionnels sont tous deux pris en compte durant l’accompagnement.

Investir dans des approches intégratives nécessite de mettre l’accent sur ces 5 piliers. En effet, ils permettent d’améliorer les résultats obtenus et la qualité de vie des personnes touchées par ces troubles. 

Cela nécessite une réflexion approfondie sur nos pratiques cliniques actuelles et un engagement profond. Nous diriger vers de nouvelles voies de résolution de très nombreuses affections qui considèrent le corps et l’esprit dans leur ensemble parait essentiel aujourd’hui.

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